Depuis mon premier cri, j'ai craint pour toi comme tu craignais pour moi.
Depuis mes premières larmes, j'ai craint de te perde comme tu craignais de
me perdre.
Durant ce tête à tête de neuf mois, nous nous promîmes de ne jamais nous
séparer.
Durant ce tête à tête de neuf mois, nous nous fîmes la promesse de ne
jamais sectionner ce lien, ce cordon, vital au-delà de ma mise au monde.
Ni avec toi, ni sans toi !
Ce que rien ni personne n'avait réussi jusqu'à présent, une monstruosité
microscopique y parvint le 29 mars 2020, t'arrachant à moi aux forceps, dans
cette petite chambre d'un EHPAD où tu étais adorée des soignants, choyée
par tous.
L'Amour des tiens n'aura pas suffi à te retenir...
Tu es partie doucement, sans souffrir, d'épuisement, durant ton sommeil, me
laissant seul au monde, en errance.
Condamné à vivre !
Condamné à la peine capitale, car vivre sans toi est une mise à mort
annoncée !
Du Mal d'Amour au Mal de Mère, je vomis cette existence qui m'a exposé à
la perte de l'Être qui m'est le plus cher : Toi !