Un peu d'histoire

Depuis ce jour d'avril 1946 et la nationalisation du gaz et de l'électricité, bien des événements ont rythmé l'histoire de nos institutions.

La Caisse centrale d'activités sociales (CCAS) est un organisme unique en Europe, conçu comme un outil de satisfaction des besoins et des désirs sociaux des agents des industries électrique et gazière.

L'existence de la CCAS est intimement liée aux valeurs de justice sociale et de solidarité défendues par le Conseil national de la résistance (CNR). Délibérant en assemblée plénière le 15 mars 1944, ses représentants décident d'instaurer «dès la Libération, un ordre social plus juste».

Vivre mieux dans une société plus juste qui se donne les moyens de créer de meilleures conditions de vie, tel est l'espoir revendiqué alors par une majorité de la population française. Pour les salariés des industries du gaz et de l'électricité, la nationalisation du 8 avril 1946 ainsi que le statut du personnel adopté par décret le 22 juin suivant deviennent les gages d'un avenir meilleur.

Du CCOS à la CCAS Le statut national prévoit la création d'œuvres sociales gérées par les représentants actifs et inactifs, élus des salariés, financées sur les ventes d'énergie hors taxe à hauteur de «1 % minimum».

Le Conseil central des œuvres sociales (CCOS) est créé en 1947. Marcel Paul le préside. L'une des tâches premières du CCOS consiste à mettre en place les Caisses mutuelles complémentaires et d'action sociale (CMCAS).

Les CMCAS gèrent le régime spécial d'assurance maladie des industries électrique et gazière (IEG), complémentaire au régime de la Sécurité sociale ainsi que certaines activités décentralisées.

Le CCOS s'attache également à créer ses grands secteurs d'activités : vacances, cantines, assurances...

Mais, déjà, les temps changent. La guerre froide scelle définitivement les désaccords idéologiques et les attaques contre le CCOS deviennent légion.

Après bien des péripéties, le CCOS devient CCAS, le Comité de coordination des CMCAS est créé. Le montant de la somme prélevée sur les ventes d'énergie hors taxe est ramené de «1%minimum»à«1% maximum» ; les charges de cantine ainsi que les dépenses liées à l'action sanitaire et sociale relèvent désormais du 1 %. Les administrateurs de la CCAS ne sont plus élus au suffrage direct mais désignés par les Fédérations syndicales dont les choix sont entérinés par le ministère de tutelle.

La reprise de la gestion des activités sociales des gaziers et électriciens par leurs représentants syndicaux n'intervient qu'au 1er janvier 1964. René Le Guen, ingénieur GDF, responsable des cadres CGT des deux entreprises, devient Président du Conseil d'administration de la CCAS.

Un maître mot : solidarité 
Le réseau issu des oeuvres sociales est immédiatement étendu et renforcé. Tout en augmentant ses capacités d'accueil dans les colonies pour enfants, la CCAS organise ses premières vacances pour les retraités, rend accessibles les vacances d'hiver aux familles. En 1965, les premières bibliothèques sont installées dans les maisons familiales. En 1968, les séjours longs d'hiver, conçus pour rompre temporairement l'isolement des personnes âgées, sont créés.

En 1970, une première expérience d'intégration d'enfants en situation de handicap est menée dans les colonies de Port-Navalo (Morbihan) et de Cheviré-le-Rouge (Maine-et-Loire). En 1978, la CCAS inaugure un centre pour polyhandicapés à La Haye-Bérou (Eure).

En 1997, elle participe à la mise au point d'une charte de déontologie concernant l'accueil des personnes présentant un handicap dans les centres de vacances et de loisirs non spécialisés. En 2006, près de 800 d'entre eux, enfants et adultes, séjournent dans ses centres de vacances. 
Au fil des années, des constructions en dur complètent le réseau des villages de toile. En 1985, l'accueil en gîte contribue à la diversification des hébergements.

A partir de 1993, le développement de partenariats ainsi que la création de sociétés civiles immobilières (SCI) permettent d'accroître encore davantage les capacités d'accueil qui augmentent en 12 ans de 12 141 lits. En 2002, le conseil d'administration lance la Consult'action, un programme de consultation des agents des IEG. Pour 90 % de ceux qui répondent, la solidarité reste la valeur essentielle des activités sociales.

C'est au travers de ses grands domaines d'activités décrits dans ce rapport que la CCAS met en oeuvre ce principe fondamental. Mais également lorsque surviennent des catastrophes naturelles ou industrielles, la CCAS et les CMCAS organisent, à leur échelle, des opérations spécifiques, comme par exemple, après l'explosion de l'usine AZF de Toulouse en septembre 2001.

Au 17 février 2005, la collecte organisée au profit des victimes du tsunami en Asie du Sud à permis de récolter plus de 220 000 euros auprès des personnels.

Solidaire, active, déterminée, la CCAS cherche à répondre aux besoins des électriciens et des gaziers et à leurs attentes. L'appréciation qu'ils portent sur les activités sociales témoigne de leur attachement à leur existence.

En Seine-et-Marne 
La refonte des départements d'Ile de France au début des années soixante, ainsi que la réorganisation en 1968, d'EDF-GDF, au niveau régional, vont conduire à un réaménagement des Caisses d'Action Sociale (CAS) de la Région parisienne, et à l'établissement à Melun d'un nouveau Centre de Distribution Mixte (CDM), couvrant l'essentiel du département de Seine et Marne. 
Les premières élections au conseil d'administration de la CAS de Melun ont lieu le 4 décembre 1969. Lors de sa première session, ce conseil élit un bureau pluraliste, présidé par Marcel Naouri (CGT) et deux vice-présidents, Maurice Millet (CGT) et André Lietard (CFDT).

En 1973, le nombre de membres du bureau sera porté à 9 sur proposition du président Naouri, afin que l'ensemble des organisassions syndicales représentatives puissent y participer. A cette même réunion est adoptée la liste des 12 sections locales de vie (SLV), qui, à quelques modifications près, vont structurer durablement la CAS-Melun. Ce à quoi va bientôt s'ajouter une activité nécessitant d'y consacrer des moyens humains et matériels, à savoir celle d'un centre de décomptes de la Sécurité sociale.

Par ailleurs, le 1er juin 1970, la CAS de MELUN et la CPAM de Seine et Marne avaient signé un protocole d'accord créant la « section mutualiste des agents EDF-GDF de Seine et Marne ». Les activités sociales de la CAS-Melun vont être, dès l'origine, sous l'autorité du Bureau et du Conseil d'administration, de la responsabilité de diverses commissions pour leur élaboration et, pour une part, de celle des SLV pour leur mise en œuvre décentralisée.

Durant ses premières années d'activité, la CAS-Melun va nouer des relations avec différents organismes, afin notamment d'améliorer les services qu'elle offre à ses ouvrants-droit.

En premier lieu, elle adhère de droit au «Comité de Coordination des CAS», représentant de l'ensemble des CAS et négociateur collectif auprès de l'entreprise et du ministère de tutelle. De même, elle va nouer des liens avec la région Paris-Nord de la Caisse Centrale d'Activité la CCAS qui va gérer des activités Sociales, culturelles et de santé décentralisées et être partie prenante, avec 17 autres CMCAS, du Comité d'Etude et de Coordination (CEC) qui gère en commun les activités centralisées au plan de la Région Parisienne.

Cinq années après sa mise en route et plus particulièrement depuis la mise en place du « profil médical », la CMCAS de Melun a vu le nombre de dossiers à traiter augmenter de 15 à 20%, ce qui a posé des problèmes de moyens matériels et humains, tant au niveau de la caisse qu'à celui de ses SLV. Une situation qui va durer puisque, le 15 avril 1975, le Conseil d'administration constate l'augmentation importante de la charge de travail de la Section Prestations et la dégradation constante des conditions de travail de l'ensemble du personnel de la CAS.

Toutefois en dépit de ces difficultés, la CMCAS de Melun fait face à l'accrois- sèment de sa charge de travail, tant sur le plan des prestations sociales et de solidarité que sur celui des activités sportives et culturelles.

A partir de 1976, elle se dote d'un bulletin trimestriel pour communiquer régulièrement avec l'ensemble de ses ouvrants droit.

Malheureusement, depuis le milieu des années 1980, les attaques et les remises en cause du statut, de nos régimes de retraite et de protection sociale se sont multipliées.

Parallèlement, nos entreprises se sont vues imposer des visées autres que celles du Service public et de l'intérêt général. Un stade a été franchi avec la mise forcée en sociétés anonymes d'EDF et de GDF synonyme d'ouverture au capital et de priorité aux actionnaires.

Ainsi, la course effrénée à la rentabilité financière s'est traduite par une remise en cause des moyens dits bénévoles des employeurs dans les- quels figurent les correspondants SLV.

La mobilisation du début des années 2000 a permis de limiter la casse. Puis vint la réforme des retraites. Epargné en 2003, le régime particulier des électriciens et gaziers dénoncé par les libéraux comme un privilège de couverture a été fortement modifié comme le fut le système maladie. Les luttes ont permis de conserver des organisations et des droits particuliers. Mais avec la CNIEG et la CAMIEG notre système de protection devient plus général que spécifique et les difficultés s'amoncèlent pour les bénéficiaires notamment en matière de maladie.

Si beaucoup de transformations ont été contraintes, quelques évolutions de nos activités sociales sont la propriété des électriciens et gaziers eux-mêmes. Lors de plu- sieurs consultations, de nombreux collègues ont exprimé des besoins de solidarité et des attentes en matière de proximité.

Ainsi, la décision de repenser les territoires pour faciliter l'accès aux activités sociales et de santé sur le lieu de travail comme celui du domicile a conduit au 1er janvier 2009 de remplacer la CMCAS de Melun par la CAS de Seine et Marne.

Ainsi, pour la première fois depuis 1970, tous les actifs travaillant en Seine et Marne dans une des unités relevant de la branche IEG, tous les retraités domiciliés dans le département sont affiliés à la même structure de proximité. Cette nouvelle CAS compte au 1er janvier 2011 11.772 bénéficiaires. Une nouvelle étape qui reste à consolider favorisant la rencontre du plus grand nombre de collègues et de leurs familles.

 

Marcel Paul

Né le 12 juillet 1900, pupille de lʼAssistance publique, Marcel Paul est démobilisé de la marine en 1922, avec un brevet dʼélectricien. Très tôt, il devient militant syndical à la Confédération Générale du Travail Unitaire, dont il devient en 1927, membre de la commission exécutive de la Fédération des Services publics et de lʼEclairage. Dirigeant, à partir de 1929, de son syndicat des « producteurs », il mène lʼaction pour un statut unique du personnel des sociétés dʼélectricité de la Région parisienne et devient lʼun des initiateurs dʼun premier réseau dʼœuvres sociales. Signataire, en 1936, après la victoire du Front populaire, de lʼaccord avec le patronat électricien qui unifie le statut régional des électricien, il est élu secrétaire général de la Fédération CGT réunifiée de lʼéclairage en 1937.

Mobilisé en 1939, fait prisonnier, évadé, Marcel Paul entre dans la Résistance, dont il devient un combattant et un dirigeant actif jusquʼà son arrestation, fin 1941. Déporté à Auschwitz, puis Buchenwald, il devient lʼun des dirigeants de la Résistance clandestine. Dirigeant de lʼinter-syndicale et de la fédération nationale dʼélectricité, Marcel Paul qui a été nommé membre de lʼAssemblée consultative, est élu député de Haute-Vienne, en octobre 1945. Il devient, le 21 novembre, Ministre de la Production industrielle.

Poste quʼil occupe jusquʼen décembre 1946. Entre-temps, il a été lʼinitiateur de la Loi promulguée le 8 avril 1946, portant création dʼEDF et de GDF, ainsi que du décret du 22 juin 1946, créant le statut du personnel dʼEDF-GDF. Après son départ du gouvernement, Marcel Paul reprit son poste à la tête de la Fédération CGT de lʼEnergie, jusquʼen 1966. Elu le 20 février 1947, Président du Conseil central des Œuvres Sociales (CCOS) dʼEDF-GDF, il devient Président dʼhonneur des Déportés, Internés, Résistants et patriotes (FNDIRP). Marcel Paul est décédé le 11 novembre 1982.